lundi 11 octobre 2010

Mettre des Limites

Traduction de la réponse d'Alice Miller au courrier "Limit-setting"qui montre comme les parents pensent qu'il doivent faire subir à l'enfant ce qu'ils veulent lui interdire de faire, mais ils ne comprennent pas qu'en faisant comme ça, ils ne font qu'en reproduire la cause: ce que l'on fait à l'enfant, puisque l'enfant reproduit ce qu'on lui a fait, c'est un cercle vicieux dont il sera bien difficile de sortir ensuite.

Les parents apprennent en fait à l'enfant à refaire ce qu'ils veulent lui interdire de faire tout en disant le contraire, ce qui est très perturbant et illogique. On n'apprend pas à quelqu'un à conduire en lui apprenant à foncer droit un arbre pour lui montrer ce qu'il ne faut pas faire, ce qui pourtant est souvent le modèle d'éducation proposé par les parents et les éducateurs.

Les parents ne comprennent pas que si l'enfant se met à battre les plus faibles que lui, ce n'est pas parce que lui même n'a pas été battu, mais au contraire qu'il l'a déjà été, mais de façon invisible bien souvent pour lui et son entourage, voilà pourquoi on croit qu'il n'a pas déjà été battu et que le battre à nouveau en prétendant avoir des bonnes intentions (lui montrer qu'il ne faut pas faire ça) parce que l'on pense qu'il bat les plus faibles parce que ce n'est pas lui qui en subis les conséquences n'est que reproduire ce qui a causé cette situation ou l'enfant ressent le "besoin" de battre les plus faibles que lui, et c'est aussi le point de vue dissimulé des parents qu'ils ont transféré à l'enfant. Les parents pensent que l'enfant fait subir ce qu'il n'a pas subis parce qu'ils nient ce qu'ils ont déjà fait subir à l'enfant et pensent donc qu'ils ne lui ont pas déjà fait subir ce traitement violent et cruel.

Battre un enfant ne lui permet pas de voir et de comprendre (consciemment) ce que ça fait, mais bien au contraire cela lui fait reproduire (émotionellement) à l'identique ce qu'on lui fait subir (ce qui est le véritable but de ceux qui battent les enfants qui pensent que c'est bien de battre les enfants) parce pour supporter la violence endurée il doit se couper de ses émotions (comme un disjoncteur électrique qui coupe tout le système en cas de surcharge pour éviter d'endommager tout le réseau) et c'est justement d'être coupé de ses émotions qui lui fera reproduire cette situation, parce qu'étant coupé de ses émotions, il n'a pas pu sentir combien il avait souffert de ces traitements, alors il pense encore que cela ne l'a pas fait souffrir (ce sont des manques d'informations, comme un plan qui n'est pas complet et qui nous envoie nous perdre) , que cela ne lui avait pas fait de mal puisqu'il n'en souffre pas et donc que c'était bien. Mais c'est seulement COMME SI l'enfant n'en avait pas souffert.

On voit bien dans la situation donnée par Alice Miller du père qui frappe son enfant qu'il ne fait en définitive que reproduire la situation incriminée (un fort, le père bat le faible, l'enfant, c'est la reproduction de la situation d'origine ou le père a appris à son fils à battre les plus faibles qui a conduit son fils à répéter ce schéma parental).

Elle dit que ce père est sans doute intelligent, mais il ne semble pas intelligent sur ce point là de la vie, l'éducation de l'enfant, un manque d'intelligence, comme un point noir, exactement par exemple comme on manque en général d'empathie envers les enfants alors qu'on en a généralement beaucoup pour les animaux traités avec cruauté, parce que la plupart d'entre nous ne sont pas coupables de maltraiter les animaux. C'est la limite de l'intelligence de ce père, là ou elle s'arrête.

Si les punitions, coups, etc semblent permettre aux parents de faire comprendre à l'enfant qu'il ne faut pas frapper les plus faibles, c'est parce que l'enfant aura peur d'être battu et qu'on lui a fait comprendre qu'il ne faut pas être battu, mais lorsqu'il ne sera plus soumis à quelqu'un de plus fort, lorsqu'il sera lui même parent ou chef, patron, voir même chef d'état, il n'aura plus de contrainte (risquer d'être battu par les parents, ou toute autre autorité supérieure) qui l'empêcheront de reproduire cela, la véritable leçon que l'enfant retient n'est pas de ne pas faire de mal aux plus faibles, mais de ne pas s'y risquer si lui aussi risque d'être battu en retour. Ce n'est pas donc pas une véritable compréhension de ce qu'il faut faire ou pas, mais la peur de l'enfant (d'être battu).

Je ne peux pas m'empêcher de penser en lisant cette réponse comme c'est aux parents qui traitent avec tellement de cruauté leurs enfants qu'il faudrait mettre des limites ! Mais on demande presque toujours à l'enfant ce qu'en fait les parents devraient à l'enfant mais ne font pas, comme ici ne pas frapper les plus faibles et comme si les enfants devaient apprendre à leurs parents à les respecter, à s'occuper d'eux, comme si c'était l'enfant le parent, mais c'est comme ça que beaucoup de parents voient leurs enfants. On en demande toujours plus aux enfants, aux plus faibles, à ceux qui ont le plus de difficultés.

En conclusion; ce type d'éducation n'est qu'encourager l'enfant à faire ce qu'on lui interdit de faire puisqu'on lui fait croire que c'est bien de frapper les plus faibles parce que cela apprend à ne pas frapper les plus faibles, en plus d'être totalement illogique, c'est absurde et dangereux mais l'enfant ne peut pas faire autrement que d'y croire vraiment, sous peine d'être encore battu (on apprend en fait à l'enfant ce qu'on lui fait subir: qu'il ne faut pas être battu et de ne pas battre les plus forts que soi) pour ne pas avoir retenu la leçon.
"Vous avez raison; l'histoire de mettre des limites est une sorte de jeu de pouvoir ou seulement l' adulte peut gagner. Vous connaissez peut être ce type d'établissement de limites: Un père frappe son fils et dit "Tu as poussé ton petit frère, et il crie maintenant, je dois te donner une fessée parce que tu dois apprendre à ne pas offenser quelqu'un de plus petit et de plus faible que toi". Est-ce que ce père est conscient du fait qu'il est en train de faire exactement ce qu'il veut actuellement interdire (pour de bonnes raisons) ? Probablement pas. Pourquoi ? Est-il stupide ? Non, il peut même être un professeur de psychologie, mais son premier enseignant de comportement a été sa mère dont il n'a jamais osé remettre en question les leçons. Alors il fait la même chose à son fils. Pourrons nous y changer quelquechose aussi longtemps que les enfants battus (et presque tout le monde l'a été) ont tellement peur de leurs parents qu'ils n'osent pas les questionner ? Ils semblent vivre dans la peur constante de la prochaine punitions si ils osent condamner les maltraitances dont ils ont souffert dans l'enfance. Cependant, c'est seulement alors qu'ils pourront devenir adultes et arrêter de se comporter inconsciemment comme un enfant menacé de mort si il reconnait complétement la cruauté et la perversion du traitement auquel il a été soumis."


"AM: You are right; the story of limit-setting is a kind of power game where only the adult can win. You know perhaps this kind of limit-setting: A father spanks his son and says: "You pushed your little brother, and he is crying now, I must spank you so that you can learn not to offend someone smaller and weaker than yourself." Is this father aware of the fact that he is doing exactly what he actually wants to forbid (for good reasons)? Probably not. Why? Is he stupid? No, he might even be a professor of psychology, but his first teacher in behavior was his mother whose lessons he never dared to question. So he does the same to his son.
Will we ever change anything as long as once beaten children (and almost everybody was beaten) are so afraid of their parents that they don't dare to question them? They seem to live in a constant fear of the next punishment if they dare to condemn the mistreatment they suffered in childhood. However, only then could they become adult and stop to behave unconsciously like a child scared to death if he or she fully recognize the cruelty and perversion of the treatment they were subjected to."

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